Le service militaire sud-coréen : une épine dans le pied pour l’économie culturelle sud-coréenne
- Éditions Respublica
- 22 oct. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 oct. 2022

L’économie culturelle sud-coréenne va perdre beaucoup d’argent dans les années à venir. En effet, le groupe BTS qui rapporte 3,6 milliards par an à la Corée du Sud ne va plus pouvoir participer au soft power de son pays. Les fans de BTS, qu'on appelle les army, ne pourront plus chanter leur fan chant en concert. Ce fan chant consiste à chanter les noms des artistes, en l'occurrence pour BTS: “Kim Namjoon, Kim Seokjin, Min Yoongi, Jung Hoseok, Park Jimin, Kim Taehyung, Jeon Jungkook, BTS!”. Ce fan chant est emblématique des groupes de Kpop car il montre l’affect et l’importance que ces idols ont pris dans l’imaginaire et aussi dans le porte-monnaie des fans. Ces sept artistes sud-coréens ne vont plus pouvoir se présenter ensemble sur scène avant au moins 2025 : la faute au service militaire coréen.
En Corée du Sud, le service militaire est obligatoire pour tous les hommes en bonne santé. Il doit s’effectuer avant l’âge de 28 ans. Il dure environ deux ans mais cela varie selon le service intégré : pour l’armée de terre, la durée est de 21 mois alors que pour un service dit non-actif (pompiers ou policiers), la durée est de 24 à 36 mois. Les femmes ont aussi le droit de s’enrôler, mais ce n’est pas obligatoire.
Si le service militaire existe encore en Corée du Sud, ce n’est pas juste pour la discipline et l’honneur, mais bien parce qu’en fait, techniquement la Corée du Sud est toujours en guerre contre la Corée du Nord. Former les jeunes semble donc indispensable. Seulement, les jeunes, il y en a de moins en moins, la population coréenne diminue et vieillit. Certains estiment même que le gouvernement sud-coréen pourrait se retrouver en manque de troupe d’ici 2032.
La solution à ce problème de manque d’effectif pourrait se trouver chez les femmes. Environ 7% de l’armée sud-coréenne est féminine. Ce chiffre pourrait augmenter, mais seulement si les mœurs de l’armée sud-coréenne changent. Il y a un vrai travail à faire contre le harcèlement sexuel par exemple. En effet, en 2021, une sous-officière s’est suicidée, à la suite d’une agression sexuelle, due en partie à la pression de ses collègues et supérieurs qui lui ont demandé de ne pas parler. Sans compter le limogeage d’une femme militaire en raison de son changement de sexe. De plus, la loi pénale militaire sanctionne toujours les relations homosexuelles.
Si, aujourd’hui, le service militaire sud-coréen devient une actualité internationale, c’est parce que Kim Seokjin, membre du groupe BTS, va bientôt l'effectuer. Le groupe BTS est le parfait exemple de la réussite de la politique culturelle de la Corée du Sud et de son soft power incroyablement puissant. En effet, le Hallyu a envahi le monde. Le Hallyu est une vague de diffusion de la culture sud-coréenne via la Kpop. Le problème est que le groupe BTS rapporte beaucoup d’argent et donne une bonne image de la Corée du sud. Mais si un idol part faire son service militaire, c’est un manque à gagner pour l’industrie de la Kpop. Une loi en 2020, surnommée loi BTS, a permis de faire passer l’âge limite pour effectuer son service militaire de 28 à 30 ans. La loi avait pour but de repousser le service militaire de certains artistes indispensables à l’économie culturelle de la Corée du Sud. Cependant, il n’est clairement pas question pour un sud-coréen de ne pas faire son service militaire, même si on est une personnalité mondiale. Tout d’abord, c’est une question d’honneur et d’évidence, la Corée du Sud est toujours en guerre. De plus, pour l’image d’un idol, ne pas faire son service militaire, c’est la clef assurée de mettre fin à sa carrière. Les fans coréens ne peuvent pas soutenir une star qui leur ferait honte. Et puis, légalement, si un coréen refuse de faire son service militaire, il encourt jusqu’à 18 mois de prison. Le service militaire sud-coréen qui est à l’heure actuelle toujours inévitable est donc une réelle épine dans le pied de l'industrie musicale coréenne.
Clarisse Segaud
Comments