L'écume
- Éditions Respublica
- 27 mars 2022
- 1 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 oct. 2022

Pareil à un rafiot sur les mers,
J'avance et vais au gré des eaux
Vers un monde sans doute plus beau.
Zéphyr souffle et Euros va se taire,
Les douces vagues se déchaînent,
Et dans leurs sombres entrailles m'entraînent.
Et je coule,
Le soleil au-delà des mers
Me regarde d'un air sincère
Quand la nuit m'entoure.
Je lance tant de cris d'appel
Qui résonnent et qui se mêlent
Au râle de la vie.
Solitaire, je m'enfonce dans la faiblesse.
J'entends tous les cris des corbeaux,
Qui m'attendent au fond de l'eau.
Mon cœur, sombre, s'enfonce dans la détresse,
Il croit déceler les parfums
De ce corps qu'il aimait bien, qui était tien.
Le monde coule,
Ruisselle et abreuve mon cœur,
Est aussi salé que des pleurs,
Et infiltre tout.
Les senteurs flottent autour de moi,
Elles attisent mon émoi
Et je sens déjà :
La mort, froide, qui me fixe
Et qui me remarque,
Comme je suis dans la barque
Qui descend l'effroyable Styx.
Sur la rive les carex
Jaunissent et pâlissent.
Je regrette tes caresses
Et tes yeux sombres comme l'onyx…
Le cœur démoli, corps en morceau,
Je me réveille tout assoupi,
On est déjà aujourd'hui.
Les étoiles s'effondrent sur le monde
Dans cette journée où je suis seul
Je m'enroule, m’endors, dans mon linceul.
Loin j'irai,
À la recherche des lèvres,
Douces et au goût de miel,
Que je toucherai.
Caresser des yeux tout ce corps
Qui résiste à la mort,
Est parfait sans effort.
Au-delà des monts gelés,
Des plaines enneigées
J'en défierai des hordes
Pour vivre à l'ombre de ce corps.
La mort, froide, qui me fixe
Et qui me remarque,
Comme je suis dans la barque
Qui descend l'effroyable Styx.
Sur la rive les carex
Jaunissent et pâlissent.
Je regrette tes caresses
Et tes yeux sombres comme l'onyx.
Manoah Varsay
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